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Moquée dans un film de Balenciaga, objet d’une mise en scène sur les quais de Seine par AMI ou d’une installation numérique chez Balmain: à Paris, le créateurs de mode détournent la “distanciation” imposée par la pandémie pour la rendre vivable.

“Les lunettes de soleil dans la nuit”: le défilé (numérique) de Balenciaga a été filmé, au moment même où la Fashion week débutait, la nuit, dans les rues et sur les quais de Seine déserts, rythmé par le titre éponyme “Sunglasses at night” de Corey Hart.

Les titres, à la fin de ce court-métrage dévoilé dimanche, préviennent que la production a été supervisée par des conseillers sanitaires, les membres des équipes ont été “isolés” les uns des autres pendant le tournage et le matériel comme les mains désinfectés.

Maître en provocation, le Géorgien Demna Gvasalia, directeur artistique de la maison française, ironise, en en faisant trop, sur les contraintes qui pèsent depuis plus de six mois sur le quotidien, avec une collection qui fait aussi sourire.

Peignoirs et pantoufles

Il avait confié dans une interview au média spécialisé WWD s’être demandé “si la mode a un sens dans ce monde apocalyptique dans lequel on vit depuis mars”. Avant de retrouver le goût pour les vêtements.

“J’ai découvert que même aux temps de la pandémie, les gens veulent des nouveautés, même plus, pour se distraire de ces horreurs”, a souligné le créateur.

Peignoirs en faux mouton, pyjamas superposés, nuisette comme robe du soir: dans la nouvelle collection, les vêtements d’intérieur sont repensés pour l’extérieur.

Les chaussons d’hôtel, claquettes de piscine et sandales orthopédiques sont surélevés sur des talons.

Demna Gvasalia qui a présenté les saisons précédentes ses défilés dans des mises en scène aussi impressionnantes qu’anxiogènes, a opté cette fois pour le numérique en promettant un défilé “physique” pour la collection haute couture de juillet.

Péniche et VIP virtuels

Alexandre Mattiussi, fondateur et créateur d’AMI, a aussi fait défiler ses mannequins, femmes et hommes, samedi soir sur les quais de la Seine sous une fine pluie.

Les invités ont regardé le défilé depuis une péniche, amarrée à une bonne distance du podium, avant de faire une croisière sur la Seine.

“Je souhaite souligner ce besoin naturel de sociabilité, de rencontres et d’interactions avec un message d’espoir”, a expliqué Alexandre Mattiussi dans la note d’intention du défilé.

Les images ont été retransmises en temps réel sur des écrans géants à l’intérieur du bateau, offrant le choix entre profiter de l’atmosphère parisienne et voir la collection de loin ou de regarder en détail les pièces célébrant une élégance décontractée.

On pouvait aussi passer d’un mode à l’autre chez AMI, à l’image de cette Fashion week “phygitale”, mi-physique, mi-digitale.

La maison historique Balmain, menée par la star des réseaux sociaux Olivier Rousteing, a même réussi à célébrer un anniversaire à l’heure du Covid avec des célébrités… virtuelles.

Pour les 75 ans de la marque, un défilé a été organisé mercredi au Jardin des Plantes avec des gradins accueillant des invités “réels” face à ceux portant les noms de VIP.

Alors que les voyages sont presque impossibles et la Fashion week manque d’envergure internationale, Cara Delevingne, Maluma, Cindy Crawford et même la papesse de la mode Anna Wintour ont joué le jeu en enregistrant des vidéos.

Pendant le défilé, ces images ont été diffusées donnant l’impression que les invités suivaient, prenaient des photos et réagissaient au défilé “physique”.

ETX Studio – Photo © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP



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