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Beaucoup de mannequins portaient deux tresses, façon Greta Thunberg, militante suédoise pour le climat et idole des jeunes écologistes.

Coiffée d’un chapeau de paille, la femme Dior foule la terre en espadrilles au milieu des arbres d’un jardin conçu pour le défilé du prêt-à-porter mardi à Paris et qui seront ensuite replantés.

Féministe revendiquée, Maria Grazia Chiuri, directrice artistique italienne de la maison française, dédie cette collection au fort message environnemental à Catherine Dior. Sœur du grand couturier, héroïne de la Résistance torturée par la Gestapo et déportée, elle a fait carrière dans les fleurs après la guerre comme grossiste aux Halles de Paris.

Au premier rang, les actrices Jennifer Lawrence et Monica Bellucci avec sa nouvelle coupe de cheveux en carré court, la mannequin Karlie Kloss et l’influenceuse vedette Chiara Ferragni sont venues admirer cette “jardinière moderne, une version contemporaine de Catherine Dior”.

Beaucoup de mannequins portaient deux tresses, façon Greta Thunberg, militante suédoise pour le climat et idole des jeunes écologistes.

Miss Dior

“Catherine n’a pas été oubliée. Mais elle a été surtout décrite comme une muse de M. Dior, moins comme une personnalité (…) Elle s’est occupée du jardin pour en quelque sorte oublier l’horreur qu’elle a vécue pendant la Seconde guerre mondiale.”

Maria Grazia Chiuri

Rendre hommage à Miss Dior, cette femme indépendante, plutôt connue pour avoir donné le nom au premier parfum de la maison et réfléchir sur le rôle du jardin qui va au-delà d’un décor, est une “autre manière de raconter l’héritage de Christian Dior” aujourd’hui, souligne la créatrice. 

Robe longue bustier en raphia, espadrilles brodées, combinaisons et ensembles courts en jacquard de soie sauvage réinvesti de fil coupé portés sur une chemise classique bleu, jeans décolorés comme blanchis au soleil, boucles d’oreille en pierre légèrement arrondie en forme irrégulière: les pièces d’apparence brut cache le raffinement qui distingue la maison. 

Quelques robes sont faites en tissu sur lequel une artiste italienne applique les fleurs à même le textile pour qu’elles laissent leurs couleurs et leurs formes. Une technique qui permet d’obtenir un imprimé très naturel et délicat, jamais le même. 

“Aujourd’hui, tout le monde est obsédé et veut toutes les pièces soient pareilles, c’est une idée industrielle. Mais nous étions tellement fascinés, qu’on s’est dit, ok, nous pouvons prendre des risques.” 

Raconte Maria Grazia Chiuri.

Les chapeaux dessinés par le Britannique Stephen Jones sont inspirés par une photo récemment retrouvée d’un chapeau de Christian Dior que Catherine lui a offert. 

“Ces chapeaux sont en quelque sorte comme l’ONU, une partie de la paille vient de l’Italie, l’autre des Philippines, une troisième de la France”, raconte-t-il à l’AFP. 

“On prend, on jette, c’est fini”

Conçu en collaboration avec l’atelier de paysage contemporain Coloco, le cadre du défilé est pensé comme un jardin peuplé de 160 arbres provenant de différentes pépinières de France, d’Allemagne et d’Italie qui seront ensuite replantés sur plusieurs espaces à Paris. 

“Nous devons trouver des solutions devant les questions que le monde nous pose. L’homme et la nature, nous devons trouver un moyen de vivre ensemble”, souligne Maria Grazia Chiuri. “Nous considérons le jardin comme quelque chose que l’homme peut contrôler. L’idée était de recréer un jardin naturel, quelque chose de spontané”. 

Pour elle, la créativité, telle qu’elle l’a apprise à l’école ne suffit plus si on n’est pas écoresponsable. 

“Il y a un écho médiatique énorme autour d’un défilé de mode et on a vraiment voulu avec Maria Grazia réfléchir à comment l’utiliser pour que tout le monde soit conscient qu’il faut faire des choses” 

A déclaré à l’AFP Nicolas Bonnenfant de Coloco.

“Les arbres c’est symbolique ainsi que le recyclage de l’ensemble du décor. La parenthèse des années où l’on prenait et on jetait, c’est fini”, a-t-il conclu. 

ETX Studio – © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP



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