Fashion Week

Milan fait du sur-mesure pour la Chine, privée de Fashion Week par le coronavirus.

Le coup d’envoi a été donné mardi soir par le show “China, We are With You” (Chine on est avec toi) signé du créateur chinois, basé à New York, Han Wen, 20 ans.

La Fashion Week milanaise, qui s’est ouverte mardi soir, a prévu un programme sur-mesure pour ses clients chinois dont l’absence autour des podiums, liée au nouveau coronavirus, pourrait porter un coup dur au prêt-à-porter “Made in Italy”.

La Chine représente aujourd’hui plus d’un tiers de la consommation mondiale de luxe et la crise sanitaire en cours a déjà coûté des millions d’euros au secteur vital pour l’économie italienne de la mode et de l’habillement.

Mais le spectacle doit continuer et pendant cinq jours, les plus grandes griffes italiennes que sont Armani, Gucci, Prada, Versace ou Fendi vont présenter leurs collections femmes Automne-Hiver 2020.

Le coup d’envoi a été donné mardi soir par le show “China, We are With You” (Chine on est avec toi) signé du créateur chinois, basé à New York, Han Wen, 20 ans.

“Mon défilé montre des femmes qui ont une image très forte, alors j’espère que celles qui sont en Chine, ou d’autres designers et collègues qui sont restés coincés  là-bas, resteront forts et en bonne santé”, a déclaré le styliste à l’AFP.

Initialement annoncés à Milan, les trois créateurs chinois Angel Chen, Ricostru et Hui, ont renoncé à cette édition de la Fashion Week lombarde qui jusqu’à dimanche proposera 56 défilés, 96 présentations et une quarantaine d’événements liés à la mode.

L’Italie a été le premier pays européen à avoir interdit les vols directs vers et en provenance de Chine le mois dernier.

“Pas calculable”

La fermeture des ateliers de production des marques chinoises en Chine a, en outre, rendu impossible le respect les délais de production de certaines collections.

Le nouveau coronavirus, qui a tué près de 1.900 personnes dans le monde, en Chine continentale essentiellement, et en a contaminé plus de 72.000 autres en Chine, a aussi jeté un froid sur la Semaine de la mode de Londres, marquée par une baisse “sensible” de sa fréquentation, selon ses organisateurs.

Pour la Chambre nationale de la mode italienne (CNMI), l’impact économique de l’épidémie n’est “pas calculable actuellement”. 

En se basant sur l’épidémie de SRAS de 2003-2004, l’association, qui regroupe les maisons de mode italiennes, a estimé que les exportations de la péninsule pourrait dans le meilleur des cas diminuer de 100 millions d’euros au premier trimestre et de 230 millions “en cas de crise prolongée” sur les six premiers mois.

L’absence chinoise sera perceptible non seulement sur les podiums mais aussi en coulisses et dans les showrooms où les acheteurs internationaux passent commande des vêtements qui arrivent quelques mois plus tard dans les boutiques de luxe de la planète.

Pour combler cette absence, la CMNI a mis en place un dispositif inédit de moyens numériques pour permettre aux acheteurs chinois de se connecter en direct aux podiums et aux coulisses. Des interviews avec des créateurs leur seront également proposées.

“C’est une période difficile pour de nombreux Chinois, qui sont maintenant chez eux et ne peuvent pas voyager, c’est pourquoi nous avons voulu montrer un signe de proximité et de soutien. Nous voulions construire un pont à un moment où nous avons tendance à dresser des murs”, a déclaré à l’AFP le président de la CMNI Carlo Capasa.

La Chine sera également à l’honneur avec l’initiative “Chinese-Italian Fashion Town”, parrainée par le colosse du commerce de détail Chic Group, qui donnera à huit marques chinoises émergentes l’occasion de présenter leurs collections.

La chaîne d’approvisionnement du secteur est également affectée par la crise liée à l’épidémie Covid-19, des usines textiles chinoises à l’arrêt ayant d’ores et déjà annoncé des retards importants dans la livraison des collections.

En signe de solidarité et pour limiter le désastre économique annoncé, des géants du luxe ont annoncé avoir fait des dons à la Croix Rouge chinoise pour aider la recherche scientifique. Les français LVMH et Kering ont ainsi versé respectivement deux et un millions d’euros, et Versace 1,3 million d’euros tandis que Dolce e Gabbana a fait “un important don” (au montant non chiffré) à l’université italienne Humanitas pour des recherches sur le coronavirus.

© Andreas SOLARO / AFP

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